
Vit et travaille à Cagnes-sur-Mer (06800)
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"Pénétrer
une œuvre non figurative relève de la franchise. Il convient
que le contemplateur joue le jeu, qu’il accepte un langage de
formes et de couleurs avec, de sa part, l’engagement de l’adhésion….ou
du refus, sans faux semblant ni échappatoire. Les thèmes
n’interviennent point ou ne sont que techniques, les titres orientent
parfois la lecture mais sont très secondaires par rapport au
choc de la perception.
Ce long préambule pour introduire l’art de Camille OZ, signifier
qu’il s’agit de Peinture-peinture, sans fioriture, sans interprétation
dilatoire, avec la seule vaillance de l’acte de peindre, dont le
message dépendra de sa valeur stricte, porteuse de significations
sensorielles et émotives, en dehors de toute lisibilité anecdotique
ou philosophique.
La règle étant acquise et respectée, il n’est
pas interdit, bien au contraire, de visiter les jardins intérieurs,
ces parcours secrets de l’artiste où s’est progressivement échafaudée
puis construite une force dense et efficace dans l’expression actuelle
de la donne. On y décèle un concours de volontés
diverses, agréées sans doute suivant les tentations de
couleurs, voire des textures. Des rouges intenses y sont signes de véhémence
; ils incendient des noirs et se répandent comme laves en fusion.
On note aussi des vertus automnales, des ocres solaires que soutiennent
des graphies aiguës et puis des collages souples bien dominés.
La maîtrise de la pâte est d’ailleurs un souci essentiel
du peintre. Les spatules étalent la matière que des lacérations
diversifient, personnalisent comme des parchemins. D’une pièce à l’autre
au cours des années la quête est toujours vive, jamais lassée,
suivie dans l’expectative d’une nouvelle découverte,
d’une nouvelle aventure.
Les travaux récents concordent en une prospection sérielle, éventuellement
agrémentée du choix de formats particuliers, des carrés
par exemple qui imposent des contraintes de mise en page, de petits tableaux
plus axés vers une préciosité intimiste.
Les séries sont ici à fondement de bleu, d’ocre et
de bistre. Elles s’organisent suivant la règle de la continuité.
Celle-ci permet au créateur de poursuivre la variation des prétextes,
en accordant à chaque toile le respect de la précédente
et la suggestion de la suivante, sans jamais négliger ses caractères
propres ni son indépendance.
C’est une méthode de travail difficile. Elle nécessite,
réflexion, recul et surtout l’énergie nécessaire.
Les quatre ou cinq séries ainsi constituées se lisent sans
effort car elles correspondent à ces impératifs. Dans leur
entité sérielle elles atteignent une tonicité évidente,
se contemplent attentivement afin de nous offrir force ou douceur, alacrité du
rythme et de l’écriture et toujours cette poésie
picturale qui chante l’œuvre… Bel ensemble à inscrire
dans ce développement dont l’engagement nous prouve l’énergie
et la sincérité.
Michel Gaudet
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