Marie-Laure Maze, qui vit et travaille à Roquefort les Pins, a suivi un parcours scientifique atypique pour un artiste avec un diplôme d’ingénieur à la clef.
En 1996 elle réalise ses premières œuvres à l’huile pour parfaire un apprentissage classique, puis effectue un virage radical en 2004 avec un travail « au couteau », inspiré par Nicolas de Staël.
En 2007, revisitant l’histoire de l’art, elle change de technique, utilise l’acrylique, fait des collages, incorpore des pigments, des matériaux divers.
Le travail de la matière devient un champ d’expérimentation sans cesse renouvelé : « J’associe les contraires, marie les opposés qui se mettent alors en évidence et se subliment », explique-t-elle. « Mon travail tend vers l’abstraction, mais toujours d’après des rythmes figuratifs. »
En 2009, la force des lignes marque ses plus récentes créations où fusionnent et se complètent « la composition et l’improvisation, le geste brut mais calculé, le chaud et le froid, le plein et les vides, l’opaque et le transparent… »

C’est ce geste « brut mais calculé » que l’artiste partage avec Dominique Allain. Sculpteur céramiste à Vallauris, Allain représente à l’extrême le raffinement psychologique du « problème Raku » dans la sculpture.
Passé lui aussi par les sciences et techniques qu’il abandonne définitivement en 2000, Allain fraye son chemin vers le réalisme du corps par la peau, avec ses entailles, ses craquelures, ses mutilations…
Peuplé de créatures à trois yeux, guetteurs de notre monde, l’univers d’Allain met en scène des personnages tant réalistes que fictifs dont l’invention du corps est le moteur même de la création.
« La cuisson Raku limite la dimension des morceaux », explique l’artiste, « mais elle permet une profusion d’effets de matière et de couleur en surface comme si le passage du feu laissait des traces d’après le temps et comme si passer par l’enfer était rédempteur ».
Avec leur peau défoncée, ses sculptures nous intriguent et nous fascinent, nous apparaissent rigides dans leur immanence. Elles nous donnent à « suspecter l’image de l’autre qui semble dormir en nous ».